Kalachakra Info
Novembre/décembre 2025
Paroles de Maîtres, Lama Thoubten Yéshé
"Nous sommes intoxiqués par l'esprit dualiste"
Lama Yéshé explique en quoi cultiver un esprit clair et unifié hors des sessions méditatives est un antidote à un esprit étroit, conceptuel et dualiste. Cet enseignement a été donné en 1977 à Cumbria (Angleterre) et peut être trouvé dans le chapitre 15 de sa biographie, Big Love (traduction et arrangements par Franck).
" De nos jours, en Occident, on entend beaucoup parler de la notion de cœur ouvert, d’ouvrir son cœur. D’un point de vue bouddhiste, pour ouvrir effectivement son cœur, il faut réaliser quelque chose. L’ouverture est étroitement liée à la réalisation. Sans réalisation, rien ne s’ouvre. Il ne sert à rien de dire, sous l’emprise de l’émotion, “Je suis ouvert… je vous aime… je vous aime tellement…” Ce n’est pas parce que nous le disons que c’est effectivement le cas. Parfois, ce que nous disons ne reflète pas la réalité. Peut-être que c’est vrai dans un sens, mais en fait, une ouverture authentique implique l’espace : une conscience qui embrasse une sorte de grand tout. Cette expérience d’embrasser la totalité devient la solution, l’antidote, à un esprit étroit, dualiste, fanatique et conceptuel.
Mais quand cette expérience arrive, vient alors un autre danger. Celui de se dire : “Ouah, cette réalité universelle est incroyablement spéciale !” Nous avons alors l’impression que la vacuité est un phénomène fantastique, exceptionnel. Cette attitude est erronée. Au lieu de se dire que la non-dualité est spéciale et supérieure, et que le samsara est ordinaire et inférieur, ce qui est une vue totalement fausse, notre position devrait être plus réaliste : à chaque fois que nous faisons l’expérience d’une apparence relative, nous devrions y voir simultanément la non-dualité.
Lorsque nous nous trouvons dans un cadre extérieur favorable et que nous méditons, nous trouvons la pratique de la méditation plus facile : c’est parce que nous sommes alors libres de cette vibration conflictuelle qu’est la dualité. Et quand nous sommes affairés en tous sens, en contact avec des objets sensoriels qui n’existent pourtant que d’un point de vue relatif, alors notre cœur s’agite et notre énergie devient hors de contrôle. C’est parce que nous ne voyons pas la non-dualité de la réalité universelle dans la bulle du conventionnel. Nos réactions aux objets des sens sont alors dispersées. Si nous pouvions voir la réalité dans l’environnement extérieur, nous ne serions pas secoués à chaque fois qu’un changement survient.
Lorsque notre environnement change, pourquoi notre comportement change-t-il immédiatement ? Je préfère largement parler de ce sujet très concret, plutôt que de simplement philosopher. Rappelez-vous le moment où vous quittez votre pratique et sortez de votre pièce de méditation, pour aller dans le salon. Vous n’êtes plus le/la même. Vous avez complètement changé. Comment est-ce possible ? Parce que vous faites une distinction entre votre attitude durant la méditation et celle qui suit votre pratique. Si vous pouviez voir la réalité essentielle de ces deux attitudes -une réalité indifférenciée, unifiée-, vous ne changeriez pas si vite. En fait, nous sommes complètement intoxiqués par l’esprit dualiste. Nous sommes trop facilement influencés par la vibration de chaque circonstance que nous rencontrons. Nous pensons que nous contrôlons chacune des situations que nous traversons, mais ce n’est absolument pas le cas.
Par exemple, lorsque nous regardons une belle fleur, nous sommes trop entraînés par cette vision. Nous en sommes intoxiqués. Et ceci est valable pour toutes nos expériences sensorielles. Nous sommes complètement contaminés par le monde extérieur, sous l’emprise de notre esprit dualiste, sans aucun contrôle. Nous sommes tous ainsi, sous l’influence perpétuelle de ce que nous voyons et de ce que nous entendons à l’extérieur. C’est parce que l’esprit dualiste est très rigide : dès que l’environnement change, l’esprit change. Quand nous sommes au centre bouddhiste, il est tout entier au dharma. Et quand nous sortons nous divertir en ville, toute notre réalité est limitée par la bulle du monde sensoriel.
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’insiste sur ce point. C’est parce qu’il s’agit de notre expérience. En effet, si je me limite à évoquer une philosophie abstraite, vous aurez du mal à vous y référer, parce qu’elle n’est pas votre expérience. J’aime beaucoup parler d’expérience. Demandez-vous donc pourquoi votre esprit change lorsque votre environnement change.
Nous devons constater et comprendre cet esprit yoyo. L’esprit yoyo s’agite ici, et l’instant d’après il s’agite là. Et nous passons notre vie de cette manière : à nous agiter. Certes, d’un point de vue relatif, l’environnement change à chaque instant. Il n’y a pas d’immuabilité dans le monde. Mais c’est parce que nous nous laissons systématiquement emporter par les phénomènes que nous créons la souffrance. L’esprit relatif et dualiste nous intoxique, tandis que la sagesse qui réalise la réalité des phénomènes reste en profond sommeil. Il est désormais temps de révéler et d’activer cette sagesse."
Le billet de la directrice
"La force et l'authenticité de nos prières et de nos pratiques produiront leurs effets"
"Chers amis du dharma,
Toutes nos actions, bonnes ou mauvaises, influencent l'avenir... C’est la loi du karma. Pourtant, cette loi naturelle de cause à effet n’est souvent perçue que d’un point de vue punitif.
En regardant les nouvelles du monde, nous pouvons être découragés par notre incapacité à changer les choses, mais c’est une erreur. Il est bon de garder à l’esprit que même en cette période pleine de troubles sociaux, politiques, géopolitiques ou climatiques, produits de causes et de conditions, toutes nos actions positives produisent un effet bénéfique.
Le centre Kalachakra fait partie de la FPMT, un réseau mondial de centres suivant les mêmes programmes d’étude et récitant les mêmes prières dans la tradition créée par Lama Tsongkhapa. Ainsi, nous devons êtres certains que la force et l’authenticité des prières et des pratiques altruistes effectuées simultanément par nos centres produiront leurs effets.
Élisabeth"
Bouddhisme Theravada : hommage des pratiquants à Sa Sainteté
Le Dalaï-Lama nommé "Patriarche universel suprême du monde bouddhiste"
Le 20 septembre 2025, Sa Sainteté a assisté à une cérémonie de prières de longue vie et de représentations culturelles à Dharamsala (Inde), organisée notamment par de nombreux représentants du bouddhisme theravada. Ce compte-rendu nous est fourni par le bureau de la FPMT (adaptation et traduction par Franck).
Depuis Thekchen Chöling, Dharamsala (Himachal Pradesh, Inde)
"Plus d’un millier de personnes venues de dix pays d’Asie du Sud-Est et de Corée du Sud s’étaient réunies dans la cour du principal temple tibétain pour offrir des prières de longue vie et des représentations culturelles en hommage à Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
La cour était décorée de tentures colorées, de guirlandes de soucis et d’une profusion d’orchidées. À la porte de sa résidence, Sa Sainteté fut accueillie par les représentants des organisateurs. L’allée menant à son trône, sous la véranda du temple, était bordée de danseurs costumés en lions et d’artistes. Comme à son habitude, Sa Sainteté rayonnait de joie, saluant de la main les fidèles. Il s’arrêta un instant pour saluer les moines de la tradition pālie, assis en tête d’allée.
Mme Ng Wee Nee, présidente du Tibetan Buddhist Centre (Singapour) et responsable de l’événement, rendit hommage à Sa Sainteté, aux membres du Sangha monastique et à tous les invités. Elle annonça que les participants priaient pour que Sa Sainteté jouisse d’une longue vie, d’une santé parfaite, et continue à faire tourner la roue du Dharma. Elle lui offrit une médaille commémorant l’Année de la Compassion, en reconnaissance du bien qu’il apporte au monde.
Des prières pour la longue vie de Sa Sainteté et pour la paix dans le monde furent chantées en pāli par une trentaine de moines theravāda, dirigés par Phramedivajrodom V. Vajiramedhi, abbé du Rai Cherntawan International Meditation Center de Chiang Rai, en Thaïlande, l’un des co-organisateurs de l’événement. Pendant ce temps, quatorze représentants des organisateurs offraient un mandala et des représentations du corps, de la parole et de l’esprit du Bouddha.
Une déclaration commune, au nom de tous les participants, fut lue par le Très Vénérable Thich Nhat Tu, vice-président du conseil exécutif de la Sangha bouddhiste du Vietnam. Celle-ci reconnaissait Sa Sainteté le Dalaï-Lama comme le dirigeant bouddhiste le plus respecté et le plus connu dans le monde, incarnant les idéaux de paix, de responsabilité universelle, d’autodiscipline, ainsi que l’harmonie religieuse et sociale. Elle rappelait également les distinctions qui lui ont été décernées, notamment le Prix Nobel de la Paix, la Médaille d’or du Congrès américain et le Prix Templeton.
La déclaration soulignait que Sa Sainteté a consacré toute sa vie à renforcer les traditions bouddhistes, tout en promouvant le dialogue interreligieux. Son engagement indéfectible en faveur de la non-violence, de la préservation de la culture tibétaine et de la protection de l’environnement a inspiré des générations entières.
L’Assemblée des dirigeants et disciples bouddhistes d’Asie, réunie à Dharamsala pour célébrer le 90e anniversaire de Sa Sainteté, a alors unanimement proclamé le Dalaï-Lama “Patriarche universel suprême du monde bouddhiste”. Elle a également réaffirmé avec joie son engagement à bâtir un monde véritablement harmonieux et pacifique, en accomplissant la noble vision et la compassion sans limites qu’incarne Sa Sainteté.
Ensuite, sept représentants des organisateurs et sept représentants de la Sangharaja et d’autres chefs bouddhistes présentèrent divers présents à Sa Sainteté. Les paroles d’offrande du mandala furent récitées en anglais, commençant par un vers invoquant Tchenrezi :
“Puissent les vertus et activités compatissantes de notre précieux guide, Sa Sainteté le Grand Dalaï-Lama, prospérer durant d’innombrables kalpas. ”
Outre le Tibetan Buddhist Centre (Singapour), les co-organisateurs mentionnés étaient : Labsum Shedrub Ling (Corée du Sud), Persatuan Lamrim Buddhaksetra Retreat Centre et Vajrayana Buddhist Council (Malaisie), Rai Cherntawan International Meditation Center (Thaïlande), Kadam Choeling Indonesia, et le Sriwijaya State Buddhist College of Tangerang Banten (Indonésie).
Pendant ce temps, un deuxième groupe, composé des quatorze principaux donateurs, offrit un mandala, tandis que cent cinquante fidèles présentaient des offrandes à Sa Sainteté.
À ce moment, le maître de cérémonie invita Sa Sainteté à s’adresser à l’assemblée, ce qu’il fit :
« Bonjour à tous. J’aimerais partager avec vous quelques expériences de ma vie. Je suis né dans l’Amdo, au nord-est du Tibet. Enfant, j’ai été conduit à Lhassa, au Tibet central, où j’ai entrepris l’étude du bouddhisme, en commençant par le traité de logique " Sujets principaux", portant sur les définitions des couleurs, et ainsi de suite. J’ai ensuite étudié l’épistémologie, la philosophie de la Voie du Milieu, le Vinaya (le code monastique), et l’Abhidharma, même si la cosmologie présentée dans cette tradition ne m’intéressait guère. J’ai également étudié la Perfection de la Sagesse.
Au fil de ces études, j’ai aussi exploré la psychologie et les aspects cognitifs de l’esprit, la manière dont l’esprit entre en relation avec les phénomènes. J’ai étudié avec ardeur, priant le Bouddha de la Sagesse, Mañjuśrī, pour qu’il soutienne mon apprentissage. Mes maîtres et assistants de débat m’ont beaucoup aidé. En parallèle, je cultivais la méditation sur l’esprit d’éveil, la bodhicitta , l’aspiration à l’illumination.
Ayant achevé mes études, j’ai passé les examens finaux dans les trois grands monastères de Sera, Drepung et Ganden. J’y ai débattu avec de nombreux érudits. Puis j’ai passé l’examen final au temple du Jokhang, à Lhassa.
Je me sentais très chanceux : venu d’un village reculé de l’Amdo, j’avais pu accomplir l’ensemble du cursus et me présenter à l’examen final. Mes assistants de débat m’ont été précieux, bien que l’un d’eux fût un peu lent d’esprit, ce qui m’a parfois avantagé dans les débats !
En tout cas, j’ai considéré comme essentiel d’avoir pu mener à terme ces études et obtenir le diplôme de Guéshé . Par la suite, j’ai pratiqué les Trois Entraînements Supérieurs : l’éthique, la concentration et la sagesse.
Peu après, j’ai dû fuir le Tibet à cause des troubles. Avant de quitter le Norbulingka, mon palais d’été, je suis allé prier devant la statue de Mahākāla à six bras. Puis, le cœur serré, j’ai quitté secrètement le lieu et commencé mon exil. Mais en même temps, je me sentais confiant, car je partais vers l’Inde, un pays libre.
En 1959, à mon arrivée en Inde, le gouvernement de Jawaharlal Nehru m’a réservé un accueil très chaleureux. Il a fait preuve d’une grande bonté envers moi et envers tous ceux qui m’accompagnaient.
Après l’exil, j’ai eu l’opportunité de partager mes connaissances et mon expérience avec le monde. J’avais étudié l’esprit, les émotions et la matière — les textes décrivent différents degrés de subtilité de la conscience et de la matière.
Ma pratique principale, tout au long de ma vie, a été de cultiver la bodhicitta — l’esprit d’éveil altruiste — et la vision de la vacuité.
Aujourd’hui, vous êtes rassemblés pour offrir des prières pour ma longue vie. Je vous remercie tous, en particulier les moines. Nous ne sommes pas ici pour nous divertir, mais pour des raisons spirituelles.
Comme je l’ai dit, je cultive chaque jour la bodhicitta et la vision de la vacuité. J’observe aussi les vœux de moine bouddhiste du Vinaya et je médite sur la Perfection de la Sagesse ainsi que la philosophie de la Voie du Milieu que j’ai tant étudiées.
En 1954, j’ai rencontré le président Mao Tse-Toung. Lorsqu’il m’a dit que la religion était un poison, j’ai ressenti de la compassion pour son ignorance.
Depuis que je vis libre en Inde, je partage le Dharma avec tous ceux qui souhaitent comprendre l’esprit et les émotions. De plus en plus de personnes s’intéressent à la tradition tibétaine, et je pense avoir fait de mon mieux pour les servir.
Vous êtes réunis ici pour des raisons spirituelles et pour célébrer mon 90ᵉ anniversaire. Pour vos prières, vos offrandes et votre pratique du Dharma, je vous remercie profondément. En tant que Dalaï-Lama, j’ai pu contribuer à éveiller des états d’esprit positifs chez d’autres êtres, et j’en suis heureux.
Merci à tous pour vos prières et pour célébrer mon 90ᵉ anniversaire. »
Les performances culturelles, excellentes et inspirantes, ont suscité de chaleureux applaudissements de l’assemblée.
Puisse le mérite de cette offrande contribuer à la longue vie de Sa Sainteté le Dalaï-Lama et à l’établissement d’une paix véritable dans le monde.
Big Love - Morceaux choisis #46
La vie domestique de Lama Yéshé (première partie)
Chaque mois, nous vous proposons un extrait en français de "Big Love", la fameuse biographie de Lama Yéshé (Traduction par Michelle).
L'extrait suivant évoque notamment les préférences alimentaires et les pratiques spirituelles nocturnes de Lama et de Rinpoché. Manifestement, leurs nuits étaient aussi profondes que leurs journées !
"
C’était le job de Thoubtèn Monlam de cuisiner pour les lamas quand ils étaient à Kopan. Quand ils partaient en tournée, il avait alors du temps pour étudier. « Lama Zopa s’en fichait de ce que je lui servais, dit-il. Il avait toujours du mal à avaler quelque chose mais quand la nourriture était vraiment bonne, il mangeait un peu plus. Il aimait tout saupoudrer d’erma (aussi appelé timut, sorte de poivre très prisé des sherpas et ayant de grandes vertus de purification des canaux subtils), Lama lui n’en utilisait jamais. Après ses examens cardiaques, Lama devint très attentif à sa nourriture. Les Injis (Occidentaux) me disaient toujours : » Ne lui sers pas ceci, ne lui sers pas cela. »
« Lama adorait cuisiner, il tranchait les légumes à toute vitesse tout en récitant des mantras : « OM MMMMMMM PHAM ! PHAM ! PHAM ! » et laissait un grand désordre qu’il me revenait de nettoyer. Je ne l’ai jamais vu brûler quelque chose. Il cuisinait toujours pour Mummy Max car il connaissait bien ses goûts. Moi je ne savais faire que les thougpas (soupes), les momos, le pain, le thé tibétain et les khapsés, c’est tout. Les khapsés sont des pâtisseries tibétaine frites, de différentes formes et de couleur dorée, que l’on faisait lors des congés tibétains. »
« Lama Yéshé ne buvait jamais de thé tibétain, il n’aimait pas du tout ça mais Lama Zopa, lui, l’aimait beaucoup, continue Thoubtèn Monlam. Lama Yéshé aimait le thé indien avec sucre et lait servis séparément, comme les Injis. Je lui en préparais un plateau que je lui portais tôt le matin. Il mangeait aussi du pain et parfois un œuf. Il lui arrivait de petit-déjeuner dans sa chambre mais en général, il mangeait sur le toit du patio avec les petits chiens. »
[…] Quand Thoubtèn Monlam n’était pas en vue, Lama réclamait du thé à l’ancienne mode tibétaine d’un Eugh bourru. Mais si le garçon n’arrivait pas, Rinpoche se glissait hors de sa chambre, avec l’humilité d’un balayeur, pour préparer lui-même le thé pour Lama.
En dehors de cuisiner, Thoubtèn Monlam devait aussi nettoyer leurs chambres et refaire le lit de Lama tous les soirs. « Mais Lama, explique-t-il, restait souvent assis sur son lit à bavarder avec des étudiants jusqu’à minuit. Parfois je m’endormais à sa porte en attendant qu’il ait fini, mais parfois il m’oubliait complètement. J’essayais de faire son lit plus tôt, avant qu’il ne s’assoie dessus. Lama était très gentil avec moi, il me donnait des gâteaux et des cadeaux et m’invita à aller travailler à Toushita, Dharamsala.
« Je n’ai jamais vu Lama Zopa se coucher, mais je l’ai vu 3 ou 4 fois s’allonger tout habillé dans l’après-midi. Je pense qu’il examinait des rêves ou quelque chose. Il restait toujours éveillé très tard dans la nuit. Quand j’arrivais dans sa chambre et qu’il somnolait, il repartait alors avec un OM MANI PADME HOUM et continuait à dire ses mantras. »
« Lama se couchait vraiment tard la nuit et dormait tard le matin, parfois jusqu’à 9 ou 10h. Quand il dormait tard, j’avais toujours peur que quelque chose lui soit arrivé, mais je ne permettais jamais d’entrer le réveiller. J’attendais jusqu’à ce qu’il se réveille de lui-même. Lama faisait une courte sieste chaque après-midi car le médecin lui avait dit qu’il avait besoin de repos à cause de son cœur. Il faisait semblant de dormir, mais en fait il ne dormait pas. Il savait ce qui se passait, il était très sensible et s’éveillait très facilement les après-midis. »
Telle était l’explication conventionnelle pour les repos traditionnels de Lama l’après-midi : son cœur fragile ! « Mais pour Rinpoché, Lama était un maître tantrique dont le repos était en fait la plus profonde des pratiques de yoga du rêve d’Hayagriva, dit Peter Kedge. Je n’aimais pas déranger Lama durant ses siestes mais il m’est arrivé plusieurs fois de devoir le faire. Même s’il émergeait facilement, il donnait l’impression de revenir de très, très loin. »
Décembre au centre Kalachakra
Retrouvez ci-dessous le tableau des activités du mois de décembre,
puis les suggestions d'Arnaud concernant les évènements marquants.
Au programme en décembre 2025 au centre :
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Le week-end des 6 et 7 décembre, Didier est de retour au centre de retraite pour guider un atelier de “Cuisine bienveillante” et nous montrer comment préparer une cuisine respectueuse des êtres vivants et de la planète, tout en étant délicieuse.
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Le dimanche 14 décembre de 18h à 19h30, nous célébrons le parinirvana de Lama Tsongkhapa. C'est l'occasion de faire une pratique du gourou yoga de Lama Tsongkhapa (Ganden la Gyama), de faire des offrandes de lumière, de nous rappeler des événements de la vie de cet incroyable maitre et de méditer sur ses enseignements. Cela nous permettra de recevoir l'inspiration du créateur de notre lignée qui nous a donné le précieux lamrim.
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Le samedi 20 décembre au soir, le centre Kalachakra vous propose un concert de piano avec Gregory Stark, un des étudiants du centre, pianiste et compositeur de renom. La librairie sera ouverte pour vous permettre de faire vos derniers achats de Noël. Les bénéfices de la soirée contribueront à financer la modernisation du centre de retraite
Et pour finir l'année en beauté, nos deux rendez-vous annuels :
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La retraite sur “La voie graduée vers l'éveil”, guidée par Vén. Gyaltsen du 26 décembre au 4 janvier (avec possibilité de continuer deux semaines sans être guidé). C'est l'occasion de méditer en profondeur dans le cadre d'une retraite sur les différents sujets de la voie qui mène vers l'éveil.
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La nuit de Tara le 31 décembre pour finir l'année 2025 et commencer l'année 2026 de la manière la plus constructive possible avec de nombreuses offrandes, prosternations, circumambulations et récitations de mantras.
Rencontre avec Amélie
Amélie est bénévole au centre de retraite. Propos recueillis par Arnaud.
Comment vous êtes-vous retrouvée impliquée au centre ?
J'y suis allée l'hiver dernier. Cela faisait suite à une période difficile, après la séparation de mon conjoint avec qui j’avais été en couple pendant 20 ans. Une thérapeute m'a conseillé de me “mettre au vert”. J'étais très perturbée et je ne savais pas où j'en étais. Elle connaissait le centre Kalachakra et m'a donné ses coordonnées. Une vraie période de reconstruction a alors commencé. J'ai encore beaucoup d'émotions à en parler.
En particulier, j'ai été très touchée par la manière dont j'ai été accueillie pour ma retraite individuelle. Je me souviens, c'était un jeudi midi. J'avais amené mon repas, mais Magali m'a spontanément proposé de manger avec l'équipe. Il y avait juste le staff, quatre personnes.Ils m'ont tout de suite intégrée. Ils parlaient d'un thème bouddhiste et je ne suis pas bouddhiste donc j'étais un peu intimidée, mais ils m'ont associée à la discussion et demandé mon avis.
Ils m'ont aussi invité à demander de l'aide en cas de besoin. Et effectivement, quand j'ai ressenti des “coups de mou”, ils ont été présents. Cette amitié que j'ai reçue m'a fait beaucoup de bien. J'ai eu l'impression d'être entourée d'amis, alors que je ne les connaissais pas. Ils m'ont vraiment choyée.
Au moment de partir, Evelyne m'a dit que si je le voulais, je pouvais aider, car le centre a régulièrement besoin de bénévoles. Cela a semé une graine et je suis allée donner un coup de main en cuisine pendant une semaine durant l'été. Je n'étais plus du tout dans le même état d'esprit. Cela allait beaucoup mieux. Je m'étais retrouvée et j'avais renoué avec mon conjoint. J'ai vraiment apprécié de pouvoir aider. J'avais l'impression de rendre d'une certaine façon ce qui m'avait été donné. De manière générale j'aime bien être au service, et cuisiner c'était parfait pour moi. À nouveau, cela a été ressenti comme un cadeau. Je retrouvais des amis que j'avais rencontrés quelques mois plus tôt. Guéshé-la et Vénérable Gyaltsen, les guides des différentes retraites, m'ont proposé d'assister quand j'étais disponible. J'en ai donc profité pour aller écouter quelques extraits d’enseignement. Parfois je ne comprenais pas grand chose, et parfois cela me parlait beaucoup.
Qu'avez-vous fait pendant cette retraite individuelle ?
D'abord, j'ai éteint mon téléphone pendant une semaine. À part une visio-conférence prévue avec France Travail, je n'ai pas eu de contacts avec l'extérieur. J'ai beaucoup lu, aussi bien des livres que j'avais amenés que des ouvrages trouvés sur place et qui m'ont parlé. J'ai beaucoup marché dans les environs, au moins une ou deux heures par jour. J'ai joué du violoncelle. Je me suis reposée. Et puis j'ai beaucoup écrit car j'avais besoin de coucher sur le papier tout ce qui n'allait pas. Cela m'a vraiment permis de me ressourcer et de retrouver un équilibre. Je suis repartie apaisée et j'ai renoué avec mon conjoint.
Et la rencontre avec le bouddhisme ?
C'était nouveau pour moi car j'ai été élevée dans le catholicisme, même si une de mes sœurs très attirée par le bouddhisme m'en avait parlé. Je fais aussi du yoga et il y a des liens. J'avais également lu le livre que Matthieu Ricard a écrit avec Dominique Jolien et Christophe André. Ce sont davantage les valeurs du bouddhisme plus que l'aspect religieux qui m'attirent. En même temps, il y a aussi quelque chose dans la philosophie qui me plait. Cette proposition de la réincarnation par exemple, l'idée que tout ne s'arrête pas, qu'on va peut être se recroiser, est touchante. C'est intéressant car ce n'est pas fermé. J'ai l'impression qu'il y a plein de gens qui arrivent, qui sont intéressés par un point, puis qui rentrent dans le mouvement. Parmi les bénévoles d'ailleurs, certains ont commencé en venant donner un coup de main et ont maintenant complètement intégré le bouddhisme. J'ai d'ailleurs gardé une habitude de mes passages, car à chaque pleine lune, je prends les huit préceptes, comme je l'avais fait pendant mon séjour.
Comment voyez-vous la suite ?
J’habite en région parisienne, c’est trop loin pour participer aux activités régulières de Saint Cosme. Je sais qu'il y a aussi un centre à Paris. Pour l'instant, je prévois de retourner prochainement à Saint Cosme pour être à nouveau bénévole. Je suis encore dans une phase où j'y vais pas à pas, et je préfère ne pas faire de plans en me disant « j'y vais tous les étés ». Même pour le travail, je ne sais pas encore précisément de quoi demain sera fait. Je prends ce que je trouve au moment où je le trouve. Je préfère faire ainsi, plutôt que de m'imposer des choses que je ne ferai pas ou que je ferai de mauvaise grâce.
Séquence rétro : dans les archives du centre Kalachakra
Chaque mois, nous ressortons du grenier une ou plusieurs photos qui nous rappellent de beaux moments.
